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Apollonius

8 octobre 2006

Exit Jessica. Six mois de correspondance


Exit Jessica. Six mois de correspondance électronique, deux mois de délices, un mois de délire : voilà résumée cette aventure. Je n'aurais pas su comment rompre : elle traverse une sorte de dépression qui impliquait bien des égards. Elle m'a remercié sans ménagement. Je n'en éprouve pas la moindre peine. Elle se languit, toute surprise que je ne rompe pas le silence. Je ne pense plus à elle. Quand elle a fait intrusion dans ma vie, les candidates se pressaient au portillon. Je ne suis pourtant pas un Adonis. Mais les femmes aiment rire. Je les amuse. Elles doutent, je les rassure. Elles s'ennuient, je les distrais. Beaucoup d'entre elles aiment les gaillards mûrs, solides, tranquilles, établis : je suis l'homme de la situation ! En d'autres temps (qui ne sont pas si lointains), j'aurais cédé à la mélancolie et me serais morfondu. Aujourd'hui je n'en conçois pas le moindre chagrin. Je suis un homme libre, disponible, rien ne me retient, rien ne me presse, rien ne me trouble. Je ne mendie l'affection de personne. Les singeries d'amour me dégoûtent.


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8 octobre 2006

Je fais comme tout le monde. J'éparpille mes


Je fais comme tout le monde. J'éparpille mes confidences aux quatre coins de l'infini virtuel. Autant jeter une bouteille dans les airs... Je serais bien étonné que quelqu'un lût ces pages. Enfin, qui sait. Evidemment, je multiplierai les précautions pour que personne ne puisse me reconnaître. Je jouis d'une minuscule célébrité locale qui mettrait en péril ma réputation si je révélais mon identité. Les noms de personnes ou de lieux seront donc tous faux : je tiens à préserver mon anonymat. Ainsi protégé, je pourrai me livrer sans fard ni arrangements. Si je me décide à publier mon journal (mon "blog" comme disent les barbares), ce n'est pas pour encombrer l'univers de confidences aussi insignifiantes qu'inutiles, mais pour aérer ces pages personnelles qui, confinées depuis vingt ans dans des carnets secrets, tournent au radotage et à la ratiocination. Je hasarde cette nouvelle expérience afin d'éprouver la réalité des faits et des pensées que je recueille minutieusement dans mes petits carnets intimes.


Depuis un mois, je crois que je suis redevenu célibataire. J'en suis fort aise et fort perplexe. La demoiselle de mes pensées, que nous appellerons, voulez-vous, Jessica (elle porte un prénom beaucoup moins ridicule, rassurez-vous), ne me donne plus depuis un mois que de vagues nouvelles par textos ou courriels. Voilà deux mois que nous ne nous sommes pas parlé. Il y a un mois, alors que j'étais à cinq cents kilomètres d'elle, elle m'accablait de messages torrides et me promettait des retrouvailles dont je me souviendrais toute ma vie. Je suis rentré à bride abattue. Nous avons causé cinq minutes et elle s'est éclipsée dans un brouillard de prétextes. Deux lapins ont suivi. Je ne suis pas homme à m'obstiner : je ne comprends rien à son attitude et cette confusion sentimentale ne me dit rien de bon. Nous avons vécu des moments d'anthologie. Elle est hardie, jolie, menue, faite au tour et merveilleusement portée sur la bagatelle. Elle s'abandonnait dans mes bras avec une simplicité et une facilité exquises. Elle se posait mille questions au sujet de mes sentiments. Je ne promettais rien. Elle s'est sans doute lassée de mes réponses évasives. J'en suis ravi et ne regrette que nos galipettes.


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Apollonius
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